Dans le Sud-Kivu, en République démocratique du Congo, une rumeur prêtant au nouveau président Étienne Tshisekedi ou à sa femme la volonté d’interdire le port de la minijupe et du pantalon pour les femmes a débouché sur l’agression et l’humiliation d’une femme en pleine rue le 5 mars à Bukavu. Notre rédaction a mené l’enquête.

Depuis début mars 2019, la rumeur s’est répandue à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu (est) : Félix Tshisekedi, le nouveau président de la République démocratique du Congo (RDC) élu en janvier, souhaiterait interdire aux femmes le port de la minijupe et du pantalon.

« Tout le monde en parlait sur WhatsApp ! »

Le 5 mars, au détour d’une conversation, elle parvient à Rukumbuzi Delphin Ntanyoma, doctorant en économie, de passage dans le Sud-Kivu :

J’étais à bord d’un camion qui allait de Bukavu à Uvira. Nous étions entassés avec des mamans, des papas, des jeunes et on débattait de tout. D’un coup a surgi dans la discussion la décision du président Tshisekedi d’interdire le port du pantalon et de la minijupe. J’en avais déjà vaguement entendu parler à Bukavu mais je n’y avais pas prêté attention.

J’ai alors demandé à la dame qui en parlait : comment l’avez-vous su ? Tout le monde m’a regardé comme si j’étais une personne étrange, qui n’a pas suivi l’actualité ! Ils m’ont répondu que tout le monde en parlait sur WhatsApp !

Certains disaient que ce n’était pas le président mais la première dame qui avait décidé cette interdiction. Parmi nous, il y avait un militaire qui parlait même d’un décret.

Je leur répondais que ce n’est pas la prérogative du président de dire aux gens comment s’habiller. Le fait que même des dames d’une soixantaine d’années y croient aussi alors qu’elles n’ont pas de smartphone me fait penser que cette rumeur a été diffusée très largement.

Ntanyoma R. Delphin@Delphino12

Ds ces conditions difficiles de transport ds la jungle du Kivu, on parle/discute de la « politique ». Politique ou rumeurs? Selon les sources que je trouve moins informé, @fatshi13 « Président de la République a interdit port de muni-jupe & pantalons pr de dames ». Monde de Rumeurs

 

à cause d’une rumeur

Dans le Sud-Kivu, en République démocratique du Congo, une rumeur prêtant au nouveau président Étienne Tshisekedi ou à sa femme la volonté d’interdire le port de la minijupe et du pantalon pour les femmes a débouché sur l’agression et l’humiliation d’une femme en pleine rue le 5 mars à Bukavu. Notre rédaction a mené l’enquête.

Depuis début mars 2019, la rumeur s’est répandue à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu (est) : Félix Tshisekedi, le nouveau président de la République démocratique du Congo (RDC) élu en janvier, souhaiterait interdire aux femmes le port de la minijupe et du pantalon.

« Tout le monde en parlait sur WhatsApp ! »

Le 5 mars, au détour d’une conversation, elle parvient à Rukumbuzi Delphin Ntanyoma, doctorant en économie, de passage dans le Sud-Kivu :

J’étais à bord d’un camion qui allait de Bukavu à Uvira. Nous étions entassés avec des mamans, des papas, des jeunes et on débattait de tout. D’un coup a surgi dans la discussion la décision du président Tshisekedi d’interdire le port du pantalon et de la minijupe. J’en avais déjà vaguement entendu parler à Bukavu mais je n’y avais pas prêté attention.

J’ai alors demandé à la dame qui en parlait : comment l’avez-vous su ? Tout le monde m’a regardé comme si j’étais une personne étrange, qui n’a pas suivi l’actualité ! Ils m’ont répondu que tout le monde en parlait sur WhatsApp !

Certains disaient que ce n’était pas le président mais la première dame qui avait décidé cette interdiction. Parmi nous, il y avait un militaire qui parlait même d’un décret.

Je leur répondais que ce n’est pas la prérogative du président de dire aux gens comment s’habiller. Le fait que même des dames d’une soixantaine d’années y croient aussi alors qu’elles n’ont pas de smartphone me fait penser que cette rumeur a été diffusée très largement.

 

Ntanyoma R. Delphin@Delphino12

Ds ces conditions difficiles de transport ds la jungle du Kivu, on parle/discute de la « politique ». Politique ou rumeurs? Selon les sources que je trouve moins informé, @fatshi13 « Président de la République a interdit port de muni-jupe & pantalons pr de dames ». Monde de Rumeurs

 

Le même jour, le blogueur congolais Rodriguez Katsuva, cofondateur du site de vérification Congo Check, a d’ailleurs été sollicité pour vérifier cette rumeur.

Il n’existe à notre connaissance aucune trace d’une déclaration présidentielle concernant l’habillement des femmes.

Mais, toujours le 5 mars, une femme a été agressée à Bukavu par des hommes lui reprochant de porter une minijupe. Elle a été mise au sol et déshabillée de force, encerclée par une foule hilare. Les images de son agression et de son humiliation en public ont été partagées au moins plusieurs centaines de fois sur les réseaux sociaux.

 

Nathalie Yamb@Nath_Yamb

A Bukavu, au Sud Kivu, en mars 2019, une jeune femme a été agressée et déshabillée en pleine rue parce que des hommes n’ont pas apprécié sa tenue. Non, le 8 mars n’est pas un jour de fête et la lutte est encore longue. #8mars

Amb.Francine Muyumba

✔@Muyumba

Je tiens à dénoncer le traitement inadmissible réservé aux femmes de #Bukavu. Aucune loi de la république n’interdit les pantalons&mini-jupes. Que les autorités garantes de nos droits s’activent d’urgence pour mettre fin à cette tentative d’intimidation&violation de nos libertés.

Rodriguez Katsuva@rodrah1

#Bukavu +sieurs femmes humiliées hier par des motards parce qu’elles s’habillaient en pantalon ou en mini-jupe en ce mois de mars. Cause: une #FakeNews selon laquelle @fatshi13 Tshisekedi aurait interdit ces habits! L’infox fait des vraies victimes en #RDCongo @habariRDC #RDC

 

Alex Bahati

Est-il vrai que les gens s’acharnent sur les dames en mini jupe ou mini robe a Bukavu?? (Je m’excuse pour les images)
Kama nikweli please guys soyons civilisés

Dans le Sud-Kivu, en République démocratique du Congo, une rumeur prêtant au nouveau président Étienne Tshisekedi ou à sa femme la volonté d’interdire le port de la minijupe et du pantalon pour les femmes a débouché sur l’agression et l’humiliation d’une femme en pleine rue le 5 mars à Bukavu. Notre rédaction a mené l’enquête.

Depuis début mars 2019, la rumeur s’est répandue à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu (est) : Félix Tshisekedi, le nouveau président de la République démocratique du Congo (RDC) élu en janvier, souhaiterait interdire aux femmes le port de la minijupe et du pantalon.

« Tout le monde en parlait sur WhatsApp ! »

Le 5 mars, au détour d’une conversation, elle parvient à Rukumbuzi Delphin Ntanyoma, doctorant en économie, de passage dans le Sud-Kivu :

J’étais à bord d’un camion qui allait de Bukavu à Uvira. Nous étions entassés avec des mamans, des papas, des jeunes et on débattait de tout. D’un coup a surgi dans la discussion la décision du président Tshisekedi d’interdire le port du pantalon et de la minijupe. J’en avais déjà vaguement entendu parler à Bukavu mais je n’y avais pas prêté attention.

J’ai alors demandé à la dame qui en parlait : comment l’avez-vous su ? Tout le monde m’a regardé comme si j’étais une personne étrange, qui n’a pas suivi l’actualité ! Ils m’ont répondu que tout le monde en parlait sur WhatsApp !

Certains disaient que ce n’était pas le président mais la première dame qui avait décidé cette interdiction. Parmi nous, il y avait un militaire qui parlait même d’un décret.

Je leur répondais que ce n’est pas la prérogative du président de dire aux gens comment s’habiller. Le fait que même des dames d’une soixantaine d’années y croient aussi alors qu’elles n’ont pas de smartphone me fait penser que cette rumeur a été diffusée très largement.

Ntanyoma R. Delphin@Delphino12

 

 

Ds ces conditions difficiles de transport ds la jungle du Kivu, on parle/discute de la « politique ». Politique ou rumeurs? Selon les sources que je trouve moins informé, @fatshi13 « Président de la République a interdit port de muni-jupe & pantalons pr de dames ». Monde de Rumeurs

 

à cause d’une rumeur

Dans le Sud-Kivu, en République démocratique du Congo, une rumeur prêtant au nouveau président Étienne Tshisekedi ou à sa femme la volonté d’interdire le port de la minijupe et du pantalon pour les femmes a débouché sur l’agression et l’humiliation d’une femme en pleine rue le 5 mars à Bukavu. Notre rédaction a mené l’enquête.

Depuis début mars 2019, la rumeur s’est répandue à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu (est) : Félix Tshisekedi, le nouveau président de la République démocratique du Congo (RDC) élu en janvier, souhaiterait interdire aux femmes le port de la minijupe et du pantalon.

« Tout le monde en parlait sur WhatsApp ! »

Le 5 mars, au détour d’une conversation, elle parvient à Rukumbuzi Delphin Ntanyoma, doctorant en économie, de passage dans le Sud-Kivu :

J’étais à bord d’un camion qui allait de Bukavu à Uvira. Nous étions entassés avec des mamans, des papas, des jeunes et on débattait de tout. D’un coup a surgi dans la discussion la décision du président Tshisekedi d’interdire le port du pantalon et de la minijupe. J’en avais déjà vaguement entendu parler à Bukavu mais je n’y avais pas prêté attention.

J’ai alors demandé à la dame qui en parlait : comment l’avez-vous su ? Tout le monde m’a regardé comme si j’étais une personne étrange, qui n’a pas suivi l’actualité ! Ils m’ont répondu que tout le monde en parlait sur WhatsApp !

Certains disaient que ce n’était pas le président mais la première dame qui avait décidé cette interdiction. Parmi nous, il y avait un militaire qui parlait même d’un décret.

Je leur répondais que ce n’est pas la prérogative du président de dire aux gens comment s’habiller. Le fait que même des dames d’une soixantaine d’années y croient aussi alors qu’elles n’ont pas de smartphone me fait penser que cette rumeur a été diffusée très largement.

 

 

 

 

Ntanyoma R. Delphin@Delphino12

Ds ces conditions difficiles de transport ds la jungle du Kivu, on parle/discute de la « politique ». Politique ou rumeurs? Selon les sources que je trouve moins informé, @fatshi13 « Président de la République a interdit port de muni-jupe & pantalons pr de dames ». Monde de Rumeur

Le même jour, le blogueur congolais Rodriguez Katsuva, cofondateur du site de vérification Congo Check, a d’ailleurs été sollicité pour vérifier cette rumeur.

Il n’existe à notre connaissance aucune trace d’une déclaration présidentielle concernant l’habillement des femmes.

Mais, toujours le 5 mars, une femme a été agressée à Bukavu par des hommes lui reprochant de porter une minijupe. Elle a été mise au sol et déshabillée de force, encerclée par une foule hilare. Les images de son agression et de son humiliation en public ont été partagées au moins plusieurs centaines de fois sur les réseaux sociaux.

Nathalie Yamb@Nath_Yamb

 

 

A Bukavu, au Sud Kivu, en mars 2019, une jeune femme a été agressée et déshabillée en pleine rue parce que des hommes n’ont pas apprécié sa tenue. Non, le 8 mars n’est pas un jour de fête et la lutte est encore longue. #8mars

 

 

Amb.Francine Muyumba

✔@Muyumba

Je tiens à dénoncer le traitement inadmissible réservé aux femmes de #Bukavu. Aucune loi de la république n’interdit les pantalons&mini-jupes. Que les autorités garantes de nos droits s’activent d’urgence pour mettre fin à cette tentative d’intimidation&violation de nos libertés.

Rodriguez Katsuva@rodrah1

#Bukavu +sieurs femmes humiliées hier par des motards parce qu’elles s’habillaient en pantalon ou en mini-jupe en ce mois de mars. Cause: une #FakeNews selon laquelle @fatshi13 Tshisekedi aurait interdit ces habits! L’infox fait des vraies victimes en #RDCongo @habariRDC #RDC

 

Alex Bahati

Est-il vrai que les gens s’acharnent sur les dames en mini jupe ou mini robe a Bukavu?? (Je m’excuse pour les images)
Kama nikweli please guys soyons civilisés

 

« ils s’en sont pris à elle parce qu’elle était en minijupe »

Lorsqu’il a appris la nouvelle de l’agression, Omar Abedi, membre de l’association de défense des droits des femmes Uwezo Afrika, a immédiatement cherché à venir en aide à la victime.

Nous sommes en train de lui chercher un nouveau logement. Elle est traumatisée, il faut qu’elle quitte le quartier pendant un moment.

Elle m’a raconté l’agression. Elle était sur le chemin pour rentrer chez elle, de retour du travail. Elle est passée devant quelques motards qui ont l’habitude de stationner aux alentours de la place Major Vangu, dans le quartier de Panzi.

Ils se sont mis à lui crier dessus, à se diriger vers elle. Elle n’avait aucun antécédent avec ces hommes, ils s’en sont pris à elle juste parce qu’elle était en minijupe.

Elle a essayé de fuir mais ce n’était pas possible. Quand elle a résisté, les motards ont commencé à la déshabiller.

Elle était au sol, les gens prenaient des photos, y compris des femmes.

« Les femmes doivent pouvoir vivre leur habillement en toute liberté ! »

Douce Namwezi, la directrice d’Uwezo Afrika, veut que l’émotion suscitée par cette agression amène à une prise de conscience de la part des autorités :

C’est terrible d’assister au passage d’une rumeur à la violation de la dignité des femmes. Si tout le monde avait entendu cette rumeur à Bukavu, y compris les policiers et les politiques, pourquoi personne n’a réagi ? Dans un premier temps, cela n’a pas été pris au sérieux alors que cette rumeur est très grave !

En relayant les images de cette agression, on a voulu amener les autorités à sortir d’un silence complice, elles ont fini par dire que les auteurs de ces actes, dont les visages sont identifiables, devaient être sanctionnés.

Pour l’instant personne n’a été arrêté mais cela a au moins fait un peu taire cette rumeur.

Lorsqu’il a appris la nouvelle de l’agression, Omar Abedi, membre de l’association de défense des droits des femmes Uwezo Afrika, a immédiatement cherché à venir en aide à la victime.

Douce Namwezi, la directrice d’Uwezo Afrika, veut que l’émotion suscitée par cette agression amène à une prise de conscience de la part des autorités :

C’est terrible d’assister au passage d’une rumeur à la violation de la dignité des femmes. Si tout le monde avait entendu cette rumeur à Bukavu, y compris les policiers et les politiques, pourquoi personne n’a réagi ? Dans un premier temps, cela n’a pas été pris au sérieux alors que cette rumeur est très grave !

En relayant les images de cette agression, on a voulu amener les autorités à sortir d’un silence complice, elles ont fini par dire que les auteurs de ces actes, dont les visages sont identifiables, devaient être sanctionnés.

Pour l’instant personne n’a été arrêté mais cela a au moins fait un peu taire cette rumeur.

Pour en savoir plus, cliquer sur le lien ci-dessou

https://observers.france24.com/fr/20190315-rd-congo-une-femme-minijupe-agressee-cause-rumeur?ref=fb_i&fbclid=IwAR1wh8RLabj8qBjKhtg5vx-BrH1uAstHyDMdH7Ps2oUY6aInAyrIluODMZ0